Skip to main content Link Menu Expand (external link) Document Search Copy Copied

1.2. La réponse de l’éthique déontologique

NOTION PRINCIPALE : LE DEVOIR
NOTION SECONDAIRE : LA JUSTICE

L’éthique du devoir (qu’on appelle également éthique déontologique ou déontologisme), affirme que nous devons fonder nos actions sur des principes, des devoirs, ou encore des impératifs moraux. Par exemple : toujours aider autrui quand il en a besoin ; ne jamais pas mentir ; ne pas faire souffrir ; respecter ses promesses. Ces principes sont inconditionnels : cela signifie qu’on ne peut jamais y déroger, y désobéir. Ils ne sont pas justifiés par la situation ou par les conséquences de nos actions (“La fin ne justifie pas les moyens”). Ils sont donc intrinsèquement moraux, ils sont bons en soi et ils sont universels, valables en tout temps et en tous lieux.

Texte

Emmanuel Kant, Fondation de la métaphysique des mœurs (1785)
Il n’y a donc qu’un unique impératif catégorique, et c’est celui-ci : Agis seulement d’après la maxime [1] grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.
Par exemple, un individu se voit pressé par le besoin d’emprunter de l’argent. Il sait parfaitement qu’il ne pourra rembourser, mais voit aussi qu’on ne lui accordera aucun prêt s’il ne promet pas avec fermeté de rendre l’argent à un moment déterminé. Il a envie de faire une telle promesse ; mais il conserve encore assez de conscience morale pour se demander : n’est-il pas interdit et contraire au devoir de se tirer d’affaire par un tel expédient [2] ?
À supposer qu’il se résolve pourtant à y recourir, la maxime de son action s’énoncerait ainsi : quand je me crois à court d’argent, j’accepte d’en emprunter et de promettre de le rendre, bien que je sache que tel ne sera jamais le cas. Sans doute ce principe de l’amour de soi ou de l’utilité personnelle est-il compatible, éventuellement, avec tout mon bien-être futur, mais pour l’instant la seule question est de savoir si c’est juste.
Je transforme donc la prétention de l’amour de soi en une loi universelle et construis la question suivante : qu’adviendrait-il dès lors que ma maxime serait érigée [3] en loi universelle ? Mais dans ce cas je vois d’emblée qu’elle ne pourrait jamais acquérir la valeur d’une loi universelle (…), mais qu’inévitablement, il lui faudrait se contredire. Car universaliser une loi selon laquelle chaque individu croyant être dans le besoin pourrait promettre tout ce qui lui vient à l’esprit, avec l’intention de ne pas tenir ses promesses, cela reviendrait à rendre même impossible le fait de promettre, ainsi que le but qu’on peut lui associer, dans la mesure où personne ne croirait à ce qu’on lui promet, et qu’au contraire tout le monde rirait de telle déclaration en n’y voyant que de vains subterfuges [4].
-–
[1] Maxime : règle d’action personnelle.
[2] Expédient : moyen provisoire et facile pour régler un problème
[3] Ériger : élever
[4] Subterfuge : moyen détourné et malhonnête
1. Voir ci-dessous l’explication de l’impératif catégorique kantien.
2. Expliquez en quoi consiste la situation morale qu’examine Kant.
3. Quelle est la maxime à partir de laquelle une personne agit dans cette situation ?
4. Pourquoi cette maxime ne peut pas être universelle ?

L’impératif catégorique

  • « Agis seulement d’après la maxime… » : face à un problème moral, il faut agir en partant d’une règle de conduite ;
  • « … grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » : cette règle à partir de laquelle nous allons agir ne doit pas seulement nous concerner individuellement, mais pouvoir être adoptée par tout le monde. Elle doit donc pouvoir devenir une loi universelle, une règle valable pour tous.

Complément vidéo : l’impératif catégorique kantien