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3. Doit-on douter de tout ?

Sommaire

Notion complémentaire : Bonheur

La question du scepticisme

SCEPTICISME ET DOCGMATISME

Scepticisme : doctrine grecque fondée par Pyrrhon d’Elis qui considère que rien n’est jamais certain et donc que la raison est incapable de découvrir des vérités.

Dogmatisme (sens premier) : doctrine qui considère que l’on peut accéder à des vérités définitives. Ce sont les sceptiques qui appellent « dogmatiques » les philosophes qui affirment pouvoir découvir des vérités.

Pyrrhon d’Elis (env. 365–275 av. J.-C.) est le fondateur de l’école sceptique. Sextus Empiricus est son disciple le pus connu (IIe. S. après J.-C.) : il écrira les Esquisses Pyrrhoniennes (alors que Pyrrhon n’a lui-même rien écrit).

Repères du programme : vrai, probable, certain

Le scepticisme considère qu’aucune certitude n’est possible, donc que l’on ne peut rien dire de vrai. Nos connaissances sont donc seulement probables.

Vrai Ce qui correspond à la réalité (vérité de fait) ou ce qui n’implique pas de contradiction (vérité de raison).
Probable Ce qui n’est pas certain, mais seulement vraisemblable. Cela semble vrai, c’est-à-dire : cela a plus de chance d’être vrai que faux, mais on ne peut pas en être certain.
Certain Ce dont nous ne pouvons pas douter, ce dont nous savons la vérité car cela ne peut pas être réfuté.

3.1. Un exemple de dogmatisme

Épicure, Lettre à Ménécée (IIIe s. avant J.-C.)
Et maintenant y a-t-il quelqu’un que tu mettes au-dessus du sage ? Il s’est fait sur les dieux des opinions pieuses ; il est constamment sans crainte en face de la mort ; il a su comprendre quel est le but de la nature ; il s’est rendu compte que ce souverain bien est facile à atteindre et à réaliser dans son intégrité, qu’en revanche le mal le plus extrême est étroitement limité quant à la durée ou quant à l’intensité ; il se moque du destin, dont certains font le maître absolu des choses. (…)
Médite donc tous ces enseignements et tous ceux qui s’y rattachent, médite-les jour et nuit, à part toi et aussi en commun avec ton semblable. Si tu le fais, jamais tu n’éprouveras le moindre trouble en songe ou éveillé, et tu vivras comme un dieu parmi les hommes.
1. Qu’est-ce qu’un sage, selon Épicure ?
2. Que permet la vérité ?
3. En quoi la conception de la vérité d’Épicure est-elle dogmatique ?

3.2. Le doute sceptique

Vidéo introductive

Présentation de la thèse de Pyrrhon d’Elis

Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique (IVe siècle après J.-C.)
Il est nécessaire, avant tout, de faire porter l’examen sur notre pouvoir de connaissance, car si la nature ne nous a pas faits capables de connaître, il n’y a plus à poursuivre l’examen de quelque autre chose que ce soit. Il y a eu, effectivement, autrefois, des philosophes pour émettre une telle assertion (…) Pyrrhon d’Elis soutint en maître cette thèse. Il est vrai qu’il n’a laissé aucun écrit, mais Timon, son disciple, dit que celui qui veut être heureux a trois points à considérer : d’abord quelle est la nature des choses ; ensuite dans quelle disposition nous devons être à leur égard ; enfin ce qui en résultera pour ceux qui sont dans cette disposition. Les choses, dit-il, il les montre également indifférentes, immesurables, indécidables. C’est pourquoi ni nos sensations, ni nos jugements, ne peuvent, ni dire vrai, ni se tromper. Par suite, il ne faut pas leur accorder la moindre confiance, mais être sans jugement, sans inclination d’aucun côté, inébranlable, en disant de chaque chose qu’elle n’est pas plus qu’elle n’est pas, ou qu’elle est et n’est pas, ou qu’elle n’est ni n’est pas. Pour ceux qui se trouvent dans ces dispositions, ce qui en résultera, dit Timon, c’est d’abord l’aphasie, puis l’ataraxie.
1. Quelle thèse soutient Pyrrhon d’Elis, selon Eusèbe de Césarée ?
2. Quelles sont les trois questions que pose Timon, disciple de Pyrrhon ?
3. Quelles sont les trois réponses qu’il y apporte ?
4. Que peut-on en conclure à propos de la vérité et du bonheur ?

Les cinq tropes d’Agrippa

Le philosophe sceptique Agrippa (fin du Ier siècle) a formalisé cinq tropes (ou modes, ou arguments) qui servent à démontrer que l’on ne peut jamais atteindre la vérité et sont utilisés par les sceptiques dans leurs discussions.
1. Le trope du désaccord : pour toute affirmation (ou thèse), il existe une affirmation contraire (ou anti-thèse) qui peut être défendue avec des arguments tout aussi valables. Cela montre qu’il est difficile, voire impossible, de trancher définitivement entre deux positions opposées.
2. Le trope de la relativité : toute thèse dépend du point de vue de la personne qui l’énonce. Ce qui est vrai pour quelqu’un peut ne pas l’être pour un autre, car nos croyances sont relatives à des perceptions individuelles (subjectivisme) ou à des contextes culturels (relativisme).
3. Le trope du postulat ou de l’hypothèse : une thèse repose toujours sur une hypothèse que l’on accepte sans pouvoir la prouver de manière certaine. Cela signifie que toute connaissance s’appuie sur un fondement incertain.
4. Le trope de la régression à l’infini (complément du trope précédent) : pour justifier une thèse, il faut s’appuyer sur une hypothèse, qui elle-même nécessite une justification par une autre hypothèse, et ainsi de suite à l’infini. On ne peut donc pas remonter à un fondement premier de nos affirmations.
5. Le trope du cercle vicieux (diallèle) : une thèse est justifiée par une hypothèse, mais cette hypothèse est elle-même justifiée par la thèse initiale. On tourne en rond sans jamais parvenir à une preuve indépendante ou extérieure.

EXERCICE

Appliquez ces cinq tropes à la question “Mickael Jackson est-il vraiment mort ?” ou à une question de votre choix.

Exercice complémentaire

L’anecdote de Pyrrhon et d’Anaxarque

Lire le texte de Roger Pol-Droit (extrait de « Fous comme des sages »), qui raconte l’anecdote de Pyrrhon qui ne sauve pas Anaxarque de la noyade.

  • Sur quels arguments repose l’attitude de Pyrrhon ?
  • Quel problème moral sa décision pose-t-elle ?

Table des matières